AES:  » Faut-il créer une nouvelle monnaie ? Enjeux et soutenabilité

AES:  » Faut-il créer une nouvelle monnaie ? Enjeux et soutenabilité

REGARD POLITIQUE

Aucune analyse économique, à elle seule, ne peut suffire à motiver la création d’une nouvelle monnaie ou la décision de s’en tenir au statuquo.
En général et de mémoire d’homme, la création d’une monnaie a toujours été considérée comme l’expression de la souveraineté d’un Etat. Mais l’expérience l’a démontré, ne pas battre sa propre monnaie ne saurait être synonyme d’absence, de perte ou d’extorsion de souveraineté.

En 1962, le 30 juin plus précisément, le régime de feu le Président Modibo KEITA décidait de quitter le Franc CFA et de créer le Franc malien, à valeur égale, c’est-à-dire 1 FM égal 1 FCFA. Cette décision politique a été commentée devant l’Assemblée Nationale par le Président Modibo KEÏTA lui-même, en ces termes : « la monnaie nationale (…) est une garantie de liberté et un instrument de puissance. Son succès est néanmoins subordonné à la confiance que les Maliens lui porteront, et surtout à la discipline qui devra être suivie et qui impliquera notamment un renforcement de l’austérité du budget et des finances. ».
Enfin, souverains ! S’écrièrent, certains. Sauf que deux ans après, le Président Modibo KEÏTA écrit au Premier ministre français, pour envisager la possibilité d’une association à la zone Franc, et un an après, considérer purement son retour au Franc CFA.
Qui avait obligé à ce choix, le Président nationaliste Modibo KEÏTA ? Avait-il par ce choix vendu la souveraineté du Mali ?
Que nenni ! Les réalités économiques l’avaient peut-être rattrapé et conduit à faire à ce moment précis, un autre choix pour le progrès de son peuple.

Alors, vous l’aurez compris, la souveraineté est la liberté de faire des choix politiques, pour améliorer le sort de son peuple, en créant les conditions idoines à son plein épanouissement.

Battre une nouvelle monnaie peut être une expression de la souveraineté de l’Etat, tout autant que conserver une monnaie en cours, même si elle est d’origine étrangère.
Ce qui importe, c’est les conditions du choix, c’est-à-dire, est-il libre de toute contrainte extérieure ? Et les effets du choix, autrement dit, va-t-il permettre un meilleur développement, un mieux-être ?
Pour répondre à cette dernière, on a plus besoin d’analyser froidement les réalités économiques de son pays, que de sonder sa volonté de paraître puissant ou l’égal des autres.

Au vu des enjeux, créer une nouvelle monnaie doit être un projet à long terme, nécessitant parfois une transformation structurelle d’une économie et non pas un projet coup
-de-cœur. Le Mali ne mérite pas de subir une humiliation bis repetita des années 60, de l’expression prématurée d’une puissance, même si c’est au sein d’une Confédération à trois.

D’ailleurs, cette Confédération est-elle juste à ses débuts. Pourquoi, ne pas lui donner le temps de grandir, de voir si elle se tiendra droit ou à plat ?
Nous n’avons pas le droit de rater à nouveau, par mégarde, cet idéal de confédération et de fédération en Afrique.

Après tout, si ce vœu de nouvelle monnaie n’était qu’une Simple tactique ?
Quel qu’en soit, il mérite tout de même d’être un véritable projet à long terme.

Dr Mahamadou KONATE

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