Déchets plastiques au Mali : un fléau pour l’environnement et la santé

Déchets plastiques au Mali : un fléau pour l’environnement et la santé

Dans une tribune envoyée à notre rédaction, M. Boubacar Karamoko Diakité, spécialiste en énergie renouvelables, chargé de projet au sein de l’Organisation non Gouvernementale (ONG) Union des Jeunes pour l’Emergence du Mali (UJEM) qui, n’est pas à sa première publication, brosse un état de lieux sans complaisance sur la sempiternelle problématique des déchets plastiques. Une véritable interpellation pour une prise de conscience collective face à ce fléau en passe de devenir le drame du siècle.  Lisez son réquisitoire !

Les déchets plastiques sont devenus un problème majeur pour l’environnement et la santé au Mali, où ils s’accumulent dans les villes et les campagnes, faute d’une gestion adéquate. Selon une étude du PNUD et du PNUE, la production de détritus banaux et dangereux (déchets industriels, hospitaliers) dans les centres urbains est estimée à 0,5 m3/hab./an et entraîne un dommage estimé à 0,8% du PIB malien¹. Le taux de collecte des déchets étant relativement faible (40%), le dépôt de déchets sauvages dans les centres urbains conduit à des conditions de vie insalubres qui dégradent le cadre de vie de la population. Moins de 10% des déchets plastiques sont ainsi recyclés. Une grande partie des sacs plastiques sont entraînés par le vent à l’extérieur des villes vers les zones rurales et environ 30% sont ingérés par le bétail constituant une menace pour le cheptel¹.

Les déchets plastiques nuisent, non seulement, à la santé humaine, mais aussi, à la vie des animaux et aux ressources végétales. Au plan agricole, ils peuvent rendre les sols cultivables non aérés. Une fois, ces déchets enterrés, ils diminuent la porosité et l’infiltration du sol. Ils peuvent également emmagasiner de l’eau durant la saison des pluies et devenir des gîtes de reproductions pour les moustiques et autres insectes responsables de maladies parasitaires². Par ailleurs, la combustion des déchets plastiques, souvent pratiquée par les populations, libère des gaz toxiques comme le CO2, qui contribuent au réchauffement climatique et à la pollution de l’air.

Le climat au Mali est marqué par trois types de climat : le climat désertique du Sahara au nord, le climat semi-désertique du Sahel au centre, et le climat tropical de savane au sud. La pluviométrie varie selon les régions, allant de moins de 100 mm par an dans le nord à plus de 1000 mm dans le sud. Selon les données climatiques, la pluviométrie a connu une baisse de 20% au Mali entre 2010 et 2020, avec des conséquences sur la disponibilité des ressources en eau et la production agricole³. La gestion des déchets plastiques est donc un enjeu crucial pour la préservation de l’environnement et l’adaptation au changement climatique au Mali.

Face à cette situation, des initiatives ont été prises par les autorités publiques, les organisations de la société civile et les acteurs privés pour améliorer la gestion des déchets plastiques au Mali. Parmi ces initiatives, on peut citer :

– La mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire pour la gestion des déchets solides municipaux, avec la création du Secrétariat Technique Permanent du Cadre Institutionnel de la Gestion des Questions Environnementales (STP/CIGQE) et l’adoption de la loi n°01-020 du 30 mai 2001 portant code de l’environnement et de ses décrets d’application⁴.

– Le renforcement des capacités des collectivités locales et des services techniques en matière de gestion des déchets plastiques, à travers le Programme de Renforcement des Capacités de l’Etat et des Collectivités Locales en matière de Gestion de l’Environnement et des Ressources Naturelles (PRC GERN), financé par la coopération suisse⁵.

– Le développement d’activités de récupération et de recyclage des déchets plastiques, par des Groupements d’Intérêt Économique (GIE), des associations ou des entreprises, qui transforment les déchets plastiques en objets utiles ou décoratifs, comme des sacs, des chaussures, des meubles, des jouets, etc. Ces activités génèrent des revenus pour les acteurs impliqués et réduisent la quantité de déchets plastiques dans la nature⁶.

– La sensibilisation des populations à la réduction, au tri et au traitement des déchets plastiques, par des campagnes d’information, d’éducation et de communication, menées par des organisations non gouvernementales (ONG), des réseaux de communicateurs pour l’environnement (RCE) ou des volontaires⁷.

Ces initiatives sont encourageantes, mais elles restent insuffisantes face à l’ampleur du problème. Il est donc nécessaire de renforcer les actions de prévention, de collecte, de valorisation et d’élimination des déchets plastiques au Mali, en impliquant tous les acteurs concernés : l’Etat, les collectivités locales, les opérateurs privés, les organisations de la société civile et les citoyens. Il est également important de promouvoir des alternatives aux emballages et sachets en plastique, comme les emballages biodégradables ou réutilisables, qui respectent l’environnement et la santé. Enfin, il est indispensable de prendre en compte la dimension environnementale dans les politiques de développement économique et social du Mali, afin de concilier la croissance et la durabilité.

Boubacar Karamoko André DIABATE,

Diplômé en Électrotechnique, spécialisé en énergies renouvelables. Professeur de Sciences Physiques et d’électronique. Chargé de projet de L’ONG UJEM (Union des Jeunes pour l’Emergence du Mali)

Source: linvestigateur.net

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