Augmentation de la masse salariale au Mali: Un bond de 7,9 % du PIB en 2022 susceptible d’accentuer les pressions inflationnistes

Augmentation de la masse salariale au Mali: Un bond de 7,9 % du PIB en 2022 susceptible d’accentuer les pressions inflationnistes

La masse salariale malienne a explosé, selon les résultats d’une étude du Fonds monétaire international (FMI) pour atteindre un niveau qu’on n’avait pas vu depuis le début des années 90. Cette forte augmentation, qui limite l’espace budgétaire et pourrait accentuer les pressions inflationnistes, est susceptible d’engendrer des coûts d’opportunité considérables et d’avoir un effet néfaste sur la viabilité de la dette à moyen terme en raison du poids qu’elle fait peser sur le déficit primaire.

Selon une étude du Fonds monétaire international (FMI), publiée en 2023, la masse salariale du Mali est sur une trajectoire ascendante depuis plusieurs décennies et en pourcentage du PIB, elle atteint des sommets historiques et régionaux. « La masse salariale est passée de 4,4 % du PIB en 2010 à 5,1 % en 2019, puis a bondi à 7,9 % en 2022, un niveau qui n’avait pas été observé depuis le début des années 90 ».

Si la masse salariale malienne en proportion du PIB a toujours été inférieure à celle des pays pairs de la région, l’étude révèle que la forte augmentation amorcée en 2019 la situe maintenant au-dessus de la moyenne des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de l’Afrique subsaharienne (ASS), de 5,8 % et 7,2 % respectivement. « La part de la masse salariale imputable aux administrations locales n’a pas joué un rôle majeur dans l’augmentation générale. En revanche, celle imputable à l’administration centrale a augmenté de 22,6 % de 2021 à 2022. Aucune véritable corrélation n’a été établie entre l’évolution des salaires dans l’administration publique et une possible augmentation des compétences et de la performance des fonctionnaires. Ceux-ci bénéficient plutôt de mécanismes d’avancement automatique », rapporte le document.

Cette forte augmentation des salaires pèse lourdement sur les perspectives budgétaires et pourrait accentuer les pressions inflationnistes. « La masse salariale représentait en 2022 44,7 % des dépenses courantes et 55,2 % des recettes fiscales. Le ratio de la masse salariale aux recettes fiscales du Mali est supérieur à la moyenne des pays de l’UEMOA et de l’ASS (44,7 % et 51,3 % respectivement). En 2019, le pays a dépassé le plafond de 35 % du ratio de la masse salariale aux recettes fiscales imposé par l’UEMOA. L’importance des dépenses salariales par rapport aux dépenses courantes limite l’espace budgétaire consacré aux dépenses en capital et aux dépenses sociales prioritaires, et compromet la réalisation des plans budgétaires. De plus, les données internationales donnent à penser que si elle se poursuit, l’explosion de la masse salariale pourrait exercer des pressions à la hausse sur l’inflation des prix à la consommation, surtout si la croissance des salaires en vient à dépasser celle de la productivité », prévient le rapport qui ajoute quemême si les projections semblent annoncer une baisse constante du ratio de la masse salariale au PIB à partir de 2023, en raison d’une croissance économique plus rapide, celui-ci demeurera malgré tout nettement au-dessus de la moyenne de l’UEMOA et de l’ASS jusqu’en 2025.

A en croire cette étude, la rémunération moyenne a joué un rôle majeur dans la poussée récente de la masse salariale, car l’emploi dans le secteur public a diminué en proportion de la population en âge de travailler. « La baisse de ce dernier ratio est d’environ 1,2 point de pourcentage depuis 2010. Le recrutement dans les secteurs prioritaires (particulièrement ceux de la sécurité et de l’éducation) a récemment augmenté en chiffres absolus (18,9 % de 2019 à 20221). Toutefois, à 1,9 %, le ratio de fonctionnaires par rapport à la population en âge de travailler demeure l’un des plus bas parmi les PFR (4,65 % en moyenne). De plus, l’emploi dans le secteur public a récemment ralenti par rapport à l’emploi dans le secteur privé et le ratio de l’emploi public à l’emploi total a glissé de 43,2 % en 2013 à 32 % en 2020. L’augmentation de la masse salariale du secteur public découle de l’augmentation substantielle des salaires de base et des allocations versées aux employés. Dans tous les segments du secteur public, le plafond de la grille salariale a augmenté de 2019 à 2022 et l’indice des salaires moyens a augmenté de 222 points. Les fonctionnaires de l’administration pénitentiaire (284 points), du personnel des greffes des tribunaux et du parquet (282 points) et des fonctions générales (282 points) sont ceux dont le salaire a le plus fortement augmenté de 2019 à 2022. Toutefois, la part du lion de la masse salariale du secteur public revient au secteur de l’éducation où les professeurs du segment des études supérieures touchent les salaires les plus élevés. La prime salariale dans le secteur public a toujours été substantielle ».

En juin 2021, les fonctionnaires de tous les groupes ont obtenu une augmentation de salaire de 25 %. Les autorités se sont ensuite engagées à embaucher 8 600 employés par année de 2021 à 2026 et ont accepté d’amorcer l’harmonisation des primes et allocations. Ce processus a fait grimper la masse salariale de 157 milliards de francs CFA en 2022 (9,1 % des recettes fiscales).

Pour y faire face, le document du FMI recommande, à plus long terme, la mise en œuvre de réformes structurelles destinées à stabiliser la croissance des salaires nominaux et à renforcer la gestion de la masse salariale pour maintenir la viabilité des finances publiques. Parmi les réformes structurelles possibles, figure entre autres la mise en place d’arrangements institutionnels et sociaux pour assurer le contrôle, la supervision et la transparence du mécanisme de fixation des salaires.

Daouda T Konaté

Source: L’Investigateur

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